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Les deux mondes
29 mai 2008

Mes disputes avec le tango

Pour ceux qui n’auraient pas lu ou auraient oublié mon précédent billet sur le sujet, disons d’emblée que le tango peut être très exaltant (si vous cliquez sur le lien, vous trouverez le texte sous les photos de Micha). La déception ou la colère qu’on peut cependant en tirer sont à la hauteur du bonheur que je vous ai partagé. Aller danser le tango, ce n’est pas juste aller se trémousser et s’amuser, c’est aller communiquer, aller vers l’autre ou plutôt, vers les autres, car à moins d’avoir un partenaire unique (ce qui a ses avantages et ses inconvénients dont je pourrais reparler dans un prochain texte), la soirée nous voit passer de cavalier en cavalier. Une délicate communication doit alors s’établir. Si le guideur « entend » la musique, et que les partenaires « s’entendent », alors l’harmonie peut être atteinte, et l’harmonie est à mon humble avis une des plus grandes satisfactions qu’on puisse ressentir. Mais qui dit communication dit aussi problèmes de communication. On peut mettre de côté celui de l’écoute musicale, car la plupart de ceux qui persistent en tango en ont ou sont rapidement obligés de l’acquérir. Et si par hasard on tombe sur un débutant qui a des soucis de rythme, on est indulgent, enfin je le suis. Voilà qui m’amène aux sources de discordance dans la communication du tango, j’ai nommé l’intolérance, le manque d’écoute et l’ego des tangueros. Se trouver face à un danseur fermé, qui a une conception étroite de la danse et vous assène les supposées lois du genre, ou dans les bras d’un danseur qui vous prend pour un pantin ou encore qui refuse toute tentative d’apport personnel de votre part, et je ne vous parle pas de celui qui veut vous donner un cours particulier tout en vous menant d’un bras ferme et agressant, tout cela peut se révéler extrêmement frustrant. Aller danser, c’est donc se préparer à entrer en relation, et il arrive que je revienne chez moi si frustrée de mes rencontres que je n’ai plus du tout envie de recommencer. Enfin, il y a même pire que ces rapports qui grincent : il y a l’indifférence, ces jours où pour une raison ou une autre, vous êtes soudainement comme invisible. Aucun danseur ne semble avoir envie d’entrer en contact avec vous, et vous rentrez alors dégoûtée à force de déception. Certains sont peut-être insensibles à tout cela, mais pas moi. Alors je me bute, et je rejette le tango. Une semaine passe, puis plusieurs… Je m’en ressens, mais je refuse de l’admettre, jusqu’à ce que je me décide à faire vers la réconciliation le premier pas… que le tango ne peut pas faire à ma place. Et là – pardonnez les comparaisons, je sais c’est souvent boiteux les comparaisons, mais je crois qu’elles sont ici justes – il se passe un miracle que je vais illustrer de deux façons que tous peuvent comprendre. Vous vous êtes déjà disputé avec quelqu’un que vous aimez passionnément? Vous vous rappelez l’émotion de la réconciliation? Comment vous avez eu l’impression d’aimer encore plus fort qu’avant cette personne… Ou alors, si vous êtes un amoureux raisonnable, vous avez sans doute déjà été malade… Oui, malade comme un chien, des nausées, une migraine, que sais-je… Vous vous rappelez la sensation de bien-être qu’apporte le rétablissement? Comme si vous ne vous étiez jamais mieux porté de votre vie. Quel bonheur! Eh bien, le retour à la milongua, c’est tout ça. La joie dans le corps qui prend littéralement la forme d’une électricité jusqu’au bout des membres… Compliqué, le tango? Oui, mais le jeu en vaut la chandelle…

 


 

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Commentaires
M
...celà m'émeut!
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