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Les deux mondes
4 août 2014

Nos deux grisettes

Il est long le chemin qui nous a menés aux Grisettes. Jusqu’où dois-je remonter le fil du désir ? Peut-être à la naissance de Micha. Nos 40 mètres carrés parisiens ont un certain charme, que la naissance d’un enfant a grandement atténué à mes yeux. Au bonheur d’être mère a donc suivi un grand déchirement. Intérieur, car quitter Paris, je ne le voulais pas vraiment. Puis dans mon couple, car de partir, David, lui, ne voulait au départ pas en entendre parler, pas même pour bouger de trois coins de rue. J’ai d’abord mené la lutte seule, et je dois dire que je ne me suis pas sentie de taille. Chercher en vain un logement plus grand dans Paris à prix raisonnable pour lequel notre dossier serait retenu (aucun propriétaire ne semble aimer les indépendants), faire et ensuite renouveler une demande de logement social, écrire des lettres à la Ville de Paris afin que notre appartement soit rénové : tout cela était désagréable et donnait peu de résultats. David a fini par convenir que nous devions bouger et nous sommes tombés d’accord sur un premier projet, celui de déménager dans une autre « grande » ville de France. La tournée du pays nous a menés de Montpellier à Nantes en passant par Bordeaux. Nous nous sommes emballés pour cette dernière, avant de nous décourager. Comment ? Nous allions devoir encore nous déraciner, tout recommencer ? Trouverions-nous à nous lier d’amitié ? Quel était le sens de partir à des centaines de kilomètres où rien ne nous attendait, pas même un boulot ? Nous avons laissé tomber. C’était en 2011.

J’ai alors accepté notre situation. La Ville de Paris a répondu favorablement à nos demandes. Des travaux ont été réalisés rue Pavée, et j’ai investi tout doucement cet appartement (où encore beaucoup reste à faire). Vivre dans un logement qui ne m’appartient pas, bizarrement, me pose un problème. Nous possédions bien un loft à Montréal, mais n’en profitions pratiquement plus, car il était la plupart du temps en location et que notre budget de voyages transatlantiques diminuait sans cesse. À l’automne 2011, des difficultés ont commencé à se manifester à Montréal : locataires malpropres et mauvais payeurs se sont succédé durant deux ans. À l’été 2013, nous avons envisagé de vendre notre loft. Après moult tergiversations, décision, puis revirement, nous avons finalement procédé à la vente du numéro 201 du 4625, rue Clark en décembre 2013.

Or, au printemps de la même année, plus précisément à Pâques, nous avions passé un weekend chez Loran, compagnon de Raphaële, mère de Félix. Nous nous sommes plus dans sa maison. À distance raisonnable de Paris, dans un village, elle était grande, sur un petit terrain et était munie d’un foyer auprès duquel il faisait bon s’asseoir. Nous avons commencé à rêver d’un endroit où nous pourrions passer nos weekends, en famille, avec des amis… J’avais déjà écumé les petites annonces des quatre coins de la France, car, après un saut semblable chez des amis de Raphaële en Auvergne, nous avions songé à l’idée de la maison de campagne, sans compter les annonces parisiennes, bordelaises, nantaises, montpelliéraines et même provençales, au moment du coup de cœur de Simiane. Je me suis mise à éplucher celles de la Bourgogne. Parmi les annonces à prix alléchant, une est pour moi clairement ressortie du lot. Il se dégageait un charme fou des photos, mais le projet demeurait irréalisable, vu les charges à Montréal et un locataire qui venait de nous plaquer. Je vous la montre ici telle qu’elle m’est apparue à l’époque.

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Le projet est passé à l’état de latence, retourné dans le monde des rêves. Nous avons, comme je le disais, tergiversé sur la vente de Montréal. Mais en janvier dernier, nous sommes rentrés à Paris, lestés de Montréal et presque prêts à passer à l’action (je vous épargne les détails fiscaux relatifs à la vente d’un bien immobilier lorsque l’on vit entre deux pays). Frénétiquement de retour sur les sites tels que SeLoger, quelle ne fut pas ma surprise de constater que la maison de mes rêves n’avait toujours pas été vendue. Nos affres financières n’étant toujours pas réglées, en février, nous avons prudemment commencé à nous balader en Bourgogne : Chablis, la Puisaye, les bords de la Loire. Nous avons aimé Saint-Amand et Cosne. En avril, n’y tenant plus, nous avons programmé nos premières visites la fin de semaine de notre anniversaire de mariage : deux maisons situées dans le village au nom pittoresque de Corvol l’Orgueilleux, et la maison que je voyais en ligne depuis maintenant un an. L’agent immobilier chargé de nous faire découvrir les biens était mou. La première maison visitée, sympa sur papier, donnait sur un dépotoir. La seconde avait un joli terrain, mais avait été rénovée avec mauvais goût. Le représentant de l’agence, qui nous croyait hésitants en raison de la « rusticité » des maisons nous déconseilla d’aller voir celle de Ouagne. David la croyait paumée en pleine nature et était persuadé qu’il y avait anguille sous roche, car l’annonce indiquait qu’il y avait deux maisons sur le lot. J’ai insisté, et nous avons découvert celles que j’appelle aujourd’hui affectueusement mes « grisettes ». Par rapport aux photos (qui dataient de deux ou trois ans comme nous l’a confié l’agent), les lieux étaient à l’abandon, mais David et moi sommes tous deux tombés sous le charme déjà de la première et plus petite des deux maisons. Nous nous attendions à ce que la deuxième, vendue avec la précédente, soit une ruine. Elle s’est avérée plus grande et en meilleur état que sa sœur. J’ai manqué défaillir ; je tentais de demeurer impassible. J’ai laissé David refermer les volets et suis sortie prier que cette maison soit un jour à nous. Ce jour-là, je n’ai fait qu’une photo, depuis le petit pont qui enjambe le Beuvron, coulant à 200 mètres des Grisettes.

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À Beaune le lendemain, nous avons acheté un sous-plat en pierre de Bourgogne en guise de porte-bonheur dans ce projet. Huit jours plus tard, nous partions à Simiane pour les vacances de printemps. Nous avons demandé à Raphaële, expérimentée en matière immobilière, de nous accompagner, de nous donner son avis sur la valeur de la maison. Étaient du voyage cette fois Micha et Félix, ainsi qu’Avril et sa copine Ida. L’objectif de mon appareil était inadéquat, mais je me suis tout de même permis quelques photos. C’était le printemps, la lumière était belle, les arbres étaient en fleurs, et les enfants couraient d’une maison à l’autre, dont toutes les portes étaient ouvertes : exactement ce que j’avais imaginé !

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Nous avons passé les vacances à réfléchir à ce projet. Au Bleuet, je me suis procuré le Guide d’achat de la maison ancienne et un ouvrage intitulé L’âme des maisons de Bourgogne. À notre retour à Paris, notre courrier nous apprenait de bonnes nouvelles et nous décidions de faire une offre d’achat, à prix très bas. Nous nous attendions à une contre-proposition… qui n’est jamais venue. Après une attente inutile, dépités, nous avons décidé de faire au moins une autre visite. Début mai, nous sommes donc partis à nouveau pour la Bourgogne. Le nouvel agent avec qui nous avions rendez-vous s’est avéré beaucoup plus dynamique que le premier, mais la maison visitée ne nous a pas plu. Nous avons demandé de retourner à Ouagne. J’avais emprunté un objectif qui m’a permis de photographier tout ce que je pouvais dans le temps dont nous disposions. Cette fois orientés par un agent qui connaissait bien le dossier, nous nous sommes préparés pour une seconde offre.

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Ensuite, nous avons dû nous armer de patience : patience jusqu’à ce que nous arrivions à une entente avec les propriétaires, vers la mi-juin ; puis, patience jusqu’à ce que nous trouvions une banque qui nous fasse confiance, un mercredi du début de juillet. Ce n’est pas fini : il nous faut maintenant attendre que le notaire fixe une date pour la vente officielle. En attendant de pouvoir prendre des mesures et obtenir des devis pour les travaux prévus, nous continuons de rêver et devons régulièrement nous pincer. Cette maison nous attendait. Que pouvais-je espérer de mieux pour mes 40 ans ? Dimanche passé, nous avons eu l’occasion d’aller présenter le village, nos deux Grisettes et nos deux potagers à notre amie Émilie, de passage à Paris. Coup de bol : il y avait ce jour-là un concert de musique tzigane dans l’église du village, suivi d’un « pot de l’amitié » à la mairie. Nous avons ainsi pu faire connaissance avec la mairesse et nos futurs voisins !

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Commentaires
A
Ça y est, j'ai eu le veto ;)
F
Il y a quelque chose de la maison de Duras à Neauphle dans tes «Grisettes». Quant au nom, il évoque pour moi, la superbe maison d'Edith Bouvier Beale, tante de Jacqueline Kennedy, à Long Island : elle s'appelait «Grey Gardens». La photo que tu as prise d'Avril et Ida sur le muret de pierres est lumineuse. Le veto de David ? Il viendra, j'en suis presque convaincue.
A
C'est moi qui ai choisi le nom des Grisettes (David voulait quelque chose comme Les Lilas ou les Glycines, que je trouvais trop communs). J'attends son veto sur les Grisettes ;)
F
Comment ne pas craquer ? Les belles vacances à venir. Un plus beau cadeau pour tes 40 ans ? Impossible. Hâte de voir la progression des travaux. Félicitations aux nouveaux propriétaires. À défaut de Campari, je lève mon verre d'eau Perrier. «Les Grisettes» : très bien trouvé. Qui a eu l'idée ?
M
Wow!Sophie...Quel beau reportage , tu viens de faire...Quelle jolie maison et quel beau terrain rempli de verdure.Tes photos sont magnifiques...Tu as très bien su visualiser le tout...Cela nous donne vraiment une très bonne idée "Des Grisettes"comme tu les appelles et que j.ai très hâte de voir a mon tour...et merci de nous avoir partagé ce très beau récit..xox
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